Les aménagements réalisés sur le Tech, certains dans un passé éloigné (seuils - prises d'eau), mais la plupart plus récemment (extractions de matériaux -recalibrages(*)), ont engendré des effets multiples qui déséquilibrent fortement le fonctionnement du milieu alluvial, particulièrement à l'aval de Céret jusqu'à la mer.
Ces effets apparaissent de plus en plus nettement avec le temps, du fait de leur caractère cumulatif et de la lenteur des processus de réajustement.
Dans sa traversée de la plaine du Roussillon, le Tech, fortement anthropisé(*), s'est encaissé par rapport à son lit majeur(*), et constitue sur la plus grande partie de son parcours une gouttière aux berges hautes de 4 à 5 mètres, à pentes très raides, et au fond plat en profil en travers(*). L'abaissement du profil en long(*) peut être évalué à 2 mètres en moyenne. En plusieurs endroits, la couche d'alluvions grossières a disparu, et la rivière entaille son substratum(*), constitué de marnes du Pliocène parfois indurées(*) mais le plus souvent très érodables(*). Il s'en suit une série de chutes et d'affouillements(*) de 2 à 3 mètres de profondeur, témoin d'une érosion régressive(*) très active, dont on ne peut aujourd'hui prévoir la limite.
Cette érosion menace à terme la stabilité des ouvrages implantés sur le lit, tels que ponts et seuils en enrochements, ainsi que celle des berges. Ces dernières, elles mêmes très vulnérables, sont instables mécaniquement et subissent des effondrements en divers endroits. Elles sont susceptibles de reculer très fortement au cours de prochaines grandes crues. Il est très difficile d'arrêter ce processus, du fait des affouillements qui se produisent dans les graviers et provoquent des ruptures verticales(*). L'érosion des matériaux effondrés par les crues dégage un nouveau talus vertical, tout aussi affouillable et instable que le précédent.
Le processus ne peut que s'amplifier dans l'avenir, les ruptures de berges pouvant se produire à des endroits quelconques et atteindre des proportions non contrôlables. L'instabilité peut même affecter la falaise pliocène(*), comme cela s'est déjà produit à l'aval de Céret.