La Région Languedoc-Roussillon est l'une des régions de France où la question des risques naturels se pose avec le plus d'acuité. Le département des Pyrénées-Orientales avec 32 % de la population en zone inondable (138 300 habitants) est au dessus de la moyenne régionale qui se situe à 14 %. Sa partie méridionale, la vallée du Tech, est particulièrement exposée. Elle le doit à la fois à son caractère montagneux (de 2400 mètres à la mer en 85 Km) et à son climat méditerranéen, dont on se plait en général à souligner les avantages en oubliant ses excés redoutables notamment en ce qui concerne les crues torrentielles et les inondations(*) aussi brusques que dévastatrices comme le rappellent les événements tragiques du passé:
• de 1958 à 1994, on recense 25 épisodes pluvieux à plus de 200 mm en 24 heures ; 840 mm en 24 heures à la Llau en 1940.
•Le Tech peut avoir des débits de crue exceptionnels : en 1940 (crue en 4ème à 5ème position de par son importance depuis 1264) : 3500 m3/s à Céret, avec un débit spécifique de 7 m3/s/km2. A l'aval de Céret, les débits des grandes crues ont tendance à diminuer jusqu'à la mer en raison de l'effet de laminage(*) dû aux débordements sur le lit majeur(*). Cependant, les évaluations donnent, au niveau d'Elne, des débits de pointe proches de 4000 m3/s (Q100). A titre de comparaison, le débit moyen annuel du Tech est de 6,3 m3/s et le débit moyen annuel du Rhône à Lyon avoisine les 1600 m3/s.
Les espaces concernés par les inondations sont répartis de manière précise sur le territoire dont ils occupent une proportion de l'ordre de 7 à 10 % en moyenne sur un bassin versant donné. Il est donc nécessaire d'identifier ces espaces et d'éviter de les rendre constructibles.
Cette règle simple a présidé dans le passé à l'implantation de tous les noyaux urbains du Tech. Elle a été partiellement oubliée pour des urbanisations effectuées depuis quelques dizaines d'années.
Une cartographie hydrogéomorphologique(*) réalisée lors de l'étude diagnostic du Contrat de Rivière fournit, à l'échelle du 1/25000, la délimitation des zones concernées par les inondations. Elle distingue, outre le lit mineur(*), le lit moyen inondable par les crues fréquentes, et le lit majeur, inondable par les crues rares à exceptionnelles. Elle permet de mettre en évidence les urbanisations situées en zone inondable, qu'elles soient actuelles ou prévues dans les POS (Plan d'Occupation des Sols = Plan Local d'Urbanisme). Elle complète spatialement les informations fournies par les PPR (Plans de Prévention des Risques) inondations réalisés par les Services R.T.M (Restauration des Terrains en Montagne) ou la D.D.E (Direction Départementale de l'Equipement). Cette cartographie sera prochainement complétée par de nouvelles études telles que la réalisation d'un atlas des zones inondables du Tech réalisé sous Maitrise d'Ouvrage du Ministère de l'Ecologie et du Développement Durable.
Au delà de ces informations cartographiques, des études de modélisation hydraulique ont été réalisées dans un passé récent sur certains tronçons de cours d'eau (par exemple le Riuferrer au niveau d'Arles sur Tech). Elles fournissent des résultats chiffrés en terme de hauteurs d'eau et de vitesses d'écoulement pour des crues types (fréquences décennales et centennales).
Il y a lieu de distinguer les crues "éclair", qui peuvent affecter les parties du Tech et de ses affluents drainant le secteur montagneux, des crues de plaine affectant des surfaces relativement plates de la plaine alluviale(*) moderne du Tech et des terrasses alluviales anciennes. Les premières sont les plus dangereuses, du fait de leur vitesse d'écoulement donc de leur force destructive très élevée et de la rapidité de la montée des eaux qui rend aléatoire le recours aux systèmes d'annonce de crues. Les secondes se traduisent plutôt par des temps de submersion longs, des hauteurs d'eau parfois importantes, et le délai plus long autorisant l'application de plans d'alerte et de secours.